L’année 2015 restera à n‘en pas douter une année marquante dans l’histoire de l’Europe. L’année d’un raidissement qui est celui d’un modèle à bout de souffle. Où est la voix de la France à l’heure où les frontières des pays membres se referment peu à peu ? Où est la voix de la France pour soutenir une Europe politique, sociale et clairement fédérale ?
L’humiliation qu’a subit la Grèce au début de l’été fut un premier coup de semonce terrible. L’ensemble de l’opinion européenne a suivi ce bras de fer entre un gouvernement de gauche radicale mené par Alexis Tsipras et la troïka libérale. Un referendum a eu lieu, suscitant l’espoir. Et puis il y a eu cette longue nuit de négociations menant un pays vers une politique opposée à ce qu’il avait librement choisi. Où était la voix de la France ?
Les conséquences sont terribles à l’échelle européenne. Que peut en retenir l’opinion si ce n’est que l’Europe, la zone Euro sont strictement libérales, inflexibles ? Que la dette et la gestion des déficits publics sont devenus une obsession presque un projet en soi. Rien sur l’harmonisation fiscale, rien sur des conquêtes sociales communes et ambitieuses. Pas mieux du côté démocratique. Les prérogatives du parlement européen restent malheureusement trop limitées et le budget européen bien trop restreint. Cette Europe suscite de plus en plus de rejet parce qu’elle n’offre aucune perspective enthousiasmante…
Au-delà du drame épouvantable que vivent des centaines de milliers de réfugiéEs qui tentent simplement de sauver leur peau, la crise humanitaire et migratoire que nous vivons s’accompagne d’une crise européenne pour le moins inquiétante. La libre circulation des personnes est ainsi remise en cause par la plupart des pays membres faisant exploser ce qui était un des acquis essentiels de qui était devenu un espace commun. La frilosité exprimée dans de nombreux pays d’Europe centrale mais aussi en France pour accueillir les migrantEs est l’expression d’un repli, d’un recul des valeurs de partage, de solidarité.
Comment ne pas lier cet état d’esprit ambiant aux renoncements imposés par 30 ans de politique libérale? Plus que jamais, les défenseurs des droits, les acteurs de l’écologie concrète, les syndicalistes battants, les lanceurs d’alerte, les mouvements sociaux sont nécessaires pour donner des perspectives, de l’allant et construire une Europe solidaire, démocratique qui s’engage clairement dans une transition écologique porteuse d’espoir. Il n’y a jamais de fatalité.
La gauche au pouvoir peut donner de la voix. Craindre le rapport de force pour changer cette gauche ne ferait que renforcer ce renoncement qui éloigne tant de citoyenNEs du débat démocratique. L’ensemble des adhérentEs et sympathisantEs d’Europe Ecologie Les Verts n’ont pas changé de cap et demeurent des acteurs de ce vrai changement attendu.
Romain LAVEAU, secrétaire départemental EELV49