Huit ans de surplace écologique : Le mauvais bilan du ministre Christophe Béchu à Angers (2014 – 2022)

Après huit années de mandat à Angers, le bilan environnemental de Christophe Béchu, ministre de l’écologie depuis un an, est éloquent. Avec un peu de recul, les élu.e.s et militant.e.s écologistes à Angers dressent un constat décevant des politiques engagées depuis 2014 à la ville et à l’agglomération dans le champ d’intervention du ministère de la transition écologique. 

Au-delà des effets de communications et des petites mesures, la politique menée a finalement été très conservatrice avec peu d’ambitions et quasiment aucune innovation pendant que d’autres agglomérations avancent. 

  • [CLIMAT] Entre 2014 et 2021, la baisse des émissions de gaz à effet de serre est de -2,7 % en 7 ans, soit 0,38 %/an alors qu’elle devrait être de -6,6%/an (17 fois plus rapide)
  • [MOBILITÉ] Si le nombre de déplacements en voiture a baissé, la distance moyenne a augmenté, ne permettant pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. La part des déplacements motorisés dans le pôle centre (38%) reste bien supérieure à celle d’autres villes de même taille comme Besançon (34% en 2018), Tours (30,5% en 2020) ou Grenoble (23% en 2020). Ces mauvais chiffres sont liés à un manque d’accompagnement vers les modes alternatifs, quasiment aucune piétonisation et trop peu de voies cyclables sécurisées.
  • [BIODIVERSITÉ] Si le rythme d’artificialisation a baissé de fait, les plateformes logistiques, emblèmes d’un modèle économique très carboné et dépendant du secteur routier, se sont répandues (+40ha) depuis 2014 au détriment de terres agricoles, zones humides et autres puits de carbone. Aucune transformation du modèle d’aménagement du territoire n’est réellement opérée (PLUi de 2021 prévoyant + 75ha/an d’urbanisation), refusant d’explorer toutes les alternatives d’évitement (densification et mixité des zones d’activités existantes, sanctuarisation des zones humides, réhabilitation des friches, critères d’utilité sociale et écologique des projets…). 
  • [DÉCHETS] Le volume de déchets a augmenté passant de 507 kg/hab./an en 2014 à 519 kg/hab./an en 2021 (l’objectif de l’agglomération fixé en 2015 était de 436 kg/hab./an en 2020).
  • [LOGEMENT] Sur Angers, le nombre de logements sociaux a baissé de -467 entre 2012 et 2022 alors que la demande a explosé (+ 5 136) atteignant + de 18 000 demandes annuelles. Malgré un boom des prix du logement sur l’agglomération, malgré une très forte hausse du nombre de demandeurs de logements sociaux, la majorité actuelle a préféré vendre des logements, en détruire (parfois à juste titre) sans forcément en construire autant dans le pôle centre. La volonté assumée est de réduire la part du logement social qui est désormais inférieure à 30 % sur la ville.

Ce bilan chiffré et sourcé (données AURA, Air Pays de la Loire, Insee) est le reflet de la passivité de l’équipe municipale autour de Christophe Béchu malgré des forces vives très mobilisées sur notre territoire allant des associations aux agents de notre collectivité en passant par un nombre croissant de paysans, d’artisans et d’entreprises. 

Il serait tout de même injuste de ne pas citer certaines réalisations significatives allant dans le bon sens comme la nouvelle cuisine centrale sans contenant plastique ou encore l’arrivée de la seconde ligne de tramway (initiée par la précédente majorité). 

Mais on le voit, les impulsions restent partielles et arrivent tard. La majorité actuelle n’a pas su, pas eu le courage, dès le début, de mettre en place une politique ambitieuse et nécessaire qui devrait permettre à notre territoire d’être plus autonome et plus sobre pour affronter plus sereinement l’avenir. 

L’urgence écologique devrait appeler la majorité municipale à un sursaut et à mettre leur discours sur l’écologie en acte, à l’instar de ces mesures en grande partie défendues par les citoyen.ne.s lors des Assises de la transition : 

  • Sortir du dogme de la voiture : vélo routes, rues des écoles, élargissement du plateau piétonnier, renforcement du réseau de transport en commun, tarifs des transports en commun plus incitatifs pour tou.te.s et gratuité ciblée, suppression de l’heure gratuite de stationnement, abandon du projet de parking silo, massification des autopartages, mise en place d’un service public de vélo… 
  • Préserver les sols : moratoire sur l’urbanisation de nouvelles zones logistiques et commerciales, sanctuarisation des zones humides, stratégie d’acquisition foncière agricole, densification et mixité des zones d’activités existantes, réhabilitation des friches urbanisées, critères d’utilité sociale et écologique des activités accueillies…
  • Maintenir une ville accessible pour tou.te.s : encadrement et plafonnement des loyers, création de logements sociaux, réguler les locations courtes durées type AirBnb…  

Yves Aurégan, conseiller municipal et communautaire Angers
Sophie Briand-Boucher, co-animatrice EELV Angers agglo

Romain Laveau, référent communication EELV Angers agglo
Elsa Richard, conseillère municipale et communautaire Angers