ANJOU_VERT62 (Journal en téléchargement)
Quatre ans après l’élection de François Hollande, notre pays va mal. Les symptômes sont multiples mais les plus marquants sont sans doute le nombre record de personnes sans emploi ainsi que le vote Front National, l’abstention. Le changement n’a pas eu lieu car il n’a pas même été tenté. Il existait pourtant une voie prometteuse, celle de l’accord passé entre EELV et le PS en novembre 2011. Le contrôle public des banques, la création de 600 000 emplois verts, la régularisation des sans-papiers, la réforme fiscale, la taxe carbone, la fermeture progressive de 24 réacteurs nucléaires, la réduction des pouvoirs du président…
La rupture assez rapide de ce pacte majoritaire, des engagements du candidat Hollande ont profondément déçu nos concitoyens; rompant durablement une confiance qui était pourtant déjà fragile à l’endroit des politiques. Les principales forces de gauche et notre parti en ont également fait les frais, perdant toutes les élections locales et les européennes alors que bien souvent leur bilan à ces échelons était positif.
Notre crise n’est bien évidemment pas celle de la vision que nous portons. L’accord de Paris pour le climat rappelle à lui seul à quel point nous sommes porteurs de solutions. Elles sont d’ailleurs de plus en plus prises en compte au sein de la société. Malheureusement notre parti politique qui se prétendait différent à lui aussi déçu. Les causes sont évidemment multiples, la désertion de notre Secrétaire Nationale au gouvernement contre l’avis très majoritaire des adhérentEs n’en est que l’ultime illustration. C’est bien sûr une grande déception. Il est pourtant utile de rappeler qu’une grande partie des militantEs ont sincèrement essayé de construire une force nouvelle, ouverte et ambitieuse. Que ces efforts n’ont pas été inutiles non plus. Combien de projets écolos ont vu le jour en France grâce à des membres issus d’EELV ? Beaucoup !
Est-ce parce que ce pari n’a pas fonctionné qu’il faut l’abandonner ? Certainement pas. Faut-il laisser tomber le champ politique ? Encore moins. La démocratie a besoin de familles de pensées structurées, de citoyens engagés au nom d’idéaux. On peut appeler ça parti, réseau, collectif… rien n’y change à l’affaire. Et bien évidemment, cet engagement n’est pas réservé aux seuls partis. Les associations, les syndicats, les médias et plus largement les contre-pouvoirs sont irremplaçables et amènent bien souvent les exécutifs à faire évoluer leur position.
Pour autant, la crise que nous vivons doit nous amener à défendre plus que jamais l’utilité et les vertus de l’action politique. Nous ne pouvons pas laisser dire que la politique s’apparente au « tous pourris » ou à la désillusion permanente. Notre responsabilité est commune. Notre rapport collectif au pouvoir doit aussi changer. Il est trop sacralisé et en même temps rejeté comme quelque chose de « sale » ou de mauvais. Nous devons pouvoir le regarder tel qu’il est, un régulateur, un outil au service de la volonté commune avec ses qualités et ses défauts.
Alors oui, le défi est immense et notre poids est aujourd’hui limité. Nous ne pouvons pas pour autant attendre 2017 sans rien faire ! C’est bien maintenant que nous devons recréer un nouvel espoir. Les récents succès de la manifestation à Notre-Dame des Landes ou de la pétition contre la loi travail nous prouvent qu’il est toujours là. Notre défi, avec d’autres, est donc de le porter, de le partager et de l’incarner.
Romain Laveau
Secrétaire départemental EELV