Lettre ouverte aux parlementaires de Maine-et-Loire

Lors de ses vœux pour l’année 2016, le président de la République a confirmé son souhait de vous rassembler  en congrès début février  afin de réviser la constitution concernant la déchéance de la nationalité et l’inscription de l’état d’urgence dans la Constitution.

Nous partageons bien évidemment le souci de l’exécutif d’assurer la sécurité de nos concitoyens. Le renforcement des moyens humains au sein des forces de l’ordre constitue en cela une réponse visible et concrète. Elle ne doit cependant pas se faire au détriment d’un travail en profondeur autour du vivre ensemble, de l’école et de la culture qui resteront toujours les meilleurs vecteurs de notre ciment républicain. Face à un islamisme rétrograde et meurtrier, nous devons savoir nous défendre mais aussi proposer un futur désirable, soutenable, ouvert et pacifique.

En aucun cas, la révision constitutionnelle proposée, n’est une réponse aux attentats que nous avons subis. Pire, elle représente une atteinte à l’idéal d’égalité mais aussi de liberté qui sont pourtant les fondements de notre République. Comment soutenir l’extension de la déchéance de nationalité alors qu’elle devrait disparaître de nos institutions. L’inégalité entre bi-nationaux et nationaux est proprement inacceptable.  Ne serait-ce que d’un point de vue pragmatique, comment la France vivrait l’accueil d’un franco-malien déchu de sa nationalité malienne et expulsé en France pour terrorisme? La constitutionnalisation de l’état d’urgence n’est pas non plus utile. Le Parlement devrait au contraire avoir un rôle de contrôle et de suivi accru en cas de calamité publique. Les dérives pointées dernièrement par Jacques Toubon, Défenseur des Droits et plusieurs de vos collègues doivent nous alerter et ce débat ne saurait être enterré par le seul concernant la déchéance de nationalité.

Au nom des adhérents et des sympathisants d’Europe Ecologie Les Verts, nous vous appelons, vous, Parlementaires, en âme et conscience, à refuser cette modification constitutionnelle. Elle viendrait légitimer l’inégalité entre citoyens mais aussi renforcer inutilement le pouvoir de l’exécutif. De tous bords politiques, plusieurs d’entre vous se sont déjà prononcés contre ce projet. Nous espérons qu’en tant que représentants de ce territoire historiquement tempéré et humaniste, vous ne vous laisserez pas aller à cautionner ce projet. Ce vote laissera à coup sûr des traces durables et tenaces pour de nombreux électeurs. Ne perdez pas de vue notre idéal républicain. Ne cédez pas aux manœuvres politiciennes et aux sirènes nationalistes et populistes. Concentrons nos énergies pour la construction d’une société ouverte, plurielle et fraternelle.

Romain Laveau, secrétaire départemental EELV