Par Christiane Serreau. Le Collectif Segréen pour la Libre Circulation des Personnes (CSLCP) dans lequel sont investis plusieurs membres du groupe local et qui a déjà oeuvré pour soutenir des personnes menacées d’expulsion, est alerté début décembre 2012.
Une famille tchétchène avec 3 enfants, arrivée à Segré fin 2010, vient de se voir refuser la demande d’asile par l’Office Français Pour les Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Elle dépose le 12 décembre un recours auprès de la Cour Nationale des Demandeurs d’Asile(CNDA). Le 21 décembre le préfet lui adresse une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), La famille est donc menacée d’expulsion et doit quitter son logement, géré par le CADA (Centre d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile). Très vite un comité de soutien se met en place, Malgré la demande du comité, aucune solution de logement social n’est proposée sur Segré. Des membres du Comité décident d’héberger la famille. Cette famille s’efforce de s’intégrer au mieux à la vie segréenne: les enfants sont scolarisés, les parents suivent assidûment des cours de français auprès d’une association.
Pour alerter la population et mobiliser la conscience citoyenne, il est décidé de manifester chaque samedi à 11h Place de la République à Segré et de tourner aurour du rond-point central avec pancartes, prises de parole et chants, distribution de tracts. La presse s’en fait l’écho régulièrement. La place est rebaptisée Place du Droit d’Asile.De 25 à 80 personnes tournent chaque samedi et cela pendant 26 semaines ! Des vidéos sont réalisées et mises sur le net pour information et demande de soutien. En février, une soirée-débat est proposée au cinéma de Segré avec le documentaire « Sans papiers ni crayons » de Marie Borelli. Des artistes locaux soutiennent le comité par des performances ou réalisations d’oeuvres, toujours en vue. L’une d’elles sur la place, représentant la famille a subi plusieurs fois des dégradations malheureuses, racistes et anti-immigration. Elle a à chaque fois été réhabilitée et veille toujours avec son inscription « Respect du Droit d’Asile » sur la place du même nom. Des comédiens sont solidaires: une soirée théâtrale a lieu, dont le bénéfice est versé au comité. Trois autres sont programmées, de septembre à novembre !
Cette famille de 5 personnes n’a plus comme ressources que l’ASE (Aide sociale à l’Enfance). Les élus ont été alertés. Certains, dont Corinne Bouchoux, ont essayé de peser sur les décisions préfectorales, en vain. Le préfet est intraitable et fait même preuve d’acharnement. Une assignation à résidence de 45 jours renouvelable une fois est prononcée en juin. Le couple doit pointer 3 fois par semaine à la gendarmerie de Segré. L’avocat dépose un recours auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme.Celle-ci réagit aussitôt et demande à la France de surseoir à l’expulsion tant que la procédure sera en cours.Le jour même le préfet prononce une nouvelle assignation qui les oblige à pointer 6 jours sur 7 et sans limite dans le temps !
Le comité de soutien, qui regroupe des personnes de tous horizons, ne baisse pas les bras. Comme la CEDH a suspendu l’expulsion, il a été décidé l’arrêt des manifestations le samedi. Mais les actions de soutien continuent pour que cette famille menacée qui a fui la Tchétchénie puisse obtenir l’asile dans notre pays ! Le groupe local EELV de Segré continue à se mobiliser !