Où es-tu Cincinnatus?

Ce n’est qu’un début mais c’est historique. Rien que le fait que 196 pays soient capables de se mettre d’accord pour affronter ensemble le réchauffement climatique est un signal fort et rassurant pour la population mondiale. Fort car ce n’est que par une action coordonnée à l’échelle de pays souverains que des politiques de long terme et significatives peuvent porter leurs fruits. Rassurant car il justifie les combats menés par les écologistes politiques où qu’ils soient sur la planète.

Nous avons raison d’alerter l’opinion. Nous avons raison de travailler à la mise en œuvre de solutions à chaque fois que nous créons des majorités d’idées.Nous avons raison d’occuper le terrain politique. Nous avons raison d’aller en permanence au contact des acteurs de terrain, de toutes celles et ceux qui mettent déjà ces pratiques en actes. Dans un monde hyper-anxiogène, notamment pour la jeunesse, l’accord de Paris pour le climat est forcément insuffisant mais c’est un pas décisif qui vient nous dire que rien n’est perdu et que nous devons nous battre.  Plus que jamais l’écologie politique est le vecteur de ce futur viable et solidaire. Un vecteur complémentaire de toutes les actions associatives, individuelles ou émanant des ONG qui mettent en œuvre les solutions de demain. Paradoxalement, ce grand message fédérateur et universel délivré depuis Paris vient au moment où le vote nationaliste et anti-système incarné par le Front National explose en France. Près de sept millions d’électeurs de ce pays sont prêts à porter au pouvoir une politique autoritaire, un ordre moral droitier, une sortie de l’Europe et à légitimer ce qui pourrait très bien tourner à une forme d’épuration communautariste tant les musulmans servent de bouc-émissaire de plus en plus évident. Nos classes dirigeantes, notre bourgeoisie intellectuelle, doivent intégrer la colère exprimée en masse par les classes moyennes et populaires.

Le vote n’a jamais été aussi clivé socialement et géographiquement. Un signe de tension évidente qui devient alarmant. Cette colère est celle créée par la destruction de centaines de milliers d’emplois dans l’industrie (et maintenant les services) qui permettaient aux personnes moins qualifiées de vivre dignement. Celle des hommes et des femmes qui ont peu de réseaux d’influence, ou dont le rapport avec l’école a pu être difficile et pour lesquels l’ascenseur social s’apparente à de la foutaise. Celle enfin liée à l’idée de magouille généralisée allant de Cahuzac à Sarkozy, des paradis fiscaux au voisin abusant du chômage.

Pourquoi faudrait-il respecter ce système ? Les causes sociales, écologiques et économiques de la crise nous demanderont du temps pour insuffler une nouvelle direction que nous appelons de nos vœux. Nous en avons la boussole et l’accord de Paris vient conforter ce cap. Pour ce qui est de la France, l’urgence est de s’attaquer rapidement à la refondation de notre pacte démocratique. Nous devons absolument recréer les conditions de la confiance et du respect entre les différentes composantes de notre société.  Il nous faut changer les règles du jeu avant qu’il ne soit cassé. Cela devient une nécessité urgente avant que ne se produise l’irrémédiable. Je suis de plus en plus convaincu qu’il nous faut trouver un Cincinnatus moderne remportant la prochaine présidentielle et restant au pouvoir juste le temps de refonder un nouveau pacte républicain pour apaiser notre société et enfin se tourner vers l’avenir.

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Romain Laveau, secrétaire départemental EELV