Par Christelle CARDET. Je tiens à saluer le rapport de la Cour des Comptes sur le coût du nucléaire. Ce rapport brise un dernier mythe celui d’une énergie pas chère, ouvre la discussion sur le coût réel du nucléaire et remet la question énergétique en débat, la suprématie du nucléaire ayant freiné le développement des énergies renouvelables.
Aujourd’hui, après le mythe de l’indépendance énergétique, celui d’une énergie abondante, celui d’une énergie propre et sûre, le nucléaire vit l’effondrement du mythe d’une énergie bon marché.
La sortie de l’atome est plus que jamais réalisable et d’actualité. Le nucléaire est une énergie qui ne peut pas répondre aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux de demain.
Le rapport souligne que le coût du nucléaire actuel serait de 50€/MWh. Mais ce montant ne couvre pas les coûts réels puisqu’il n’intègre ni le coût de la recherche publique, ni le coût de Superphénix, ni le prix du démantèlement, ni le coût du stockage des déchets nucléaires, ni bien évidemment celui des réparations de catastrophes.
De plus, la Cour des Comptes insiste sur l’importance des surcoûts liés à la maintenance du parc nucléaire, avec au moins 55 milliards d’euros d’investissements nécessaires entre 2011 et 2025. Un rapport récent de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exigeait également des mesures qui entraînaient une forte augmentation des coûts de maintenance.
Ce rapport pointe des incertitudes sur les coûts futures et révèle “combien le coût du démantèlement est aléatoire”. Une fois de plus, on n’arrive toujours pas à évaluer le coût du stockage des déchets et du démantèlement.
Ainsi lorsqu’on tient compte de l’ensemble des dépenses (démantèlement, stockage des déchets, nécessité de remplacer un parc vieillissant et de renforcer sa sécurité,..) les coûts du nucléaire vont devenir exorbitants.
D’autre part, le renouvellement du parc nucléaire avec des réacteurs du type EPR, va presque doubler le prix de l’électricité en France. La cour estime en effet jusqu’à 9 centimes le prix du kWh produit par les EPR, un coût supérieur à l’électricité éolienne (8,2 centimes) aujourd’hui et solaire d’ici cinq ans.
La politique énergétique nécessite que l’on regarde loin devant soi et le nucléaire voit ses coûts d’investissement augmenter avec le temps alors que parallèlement les énergies renouvelables voient leur coûts de production, grâce aux progrès technologiques et une augmentation de la production, baisser rapidement et devenir très rentables.
Il est temps d’arrêter l’hémorragie d’investissements onéreux et improductifs dans une filière nucléaire dépassée par les enjeux du XXIème siècle. Investissons dans la transition énergétique, économisons l’énergie et cherchons du côté d’une utilisation plus intelligente des ressources pour limiter le gaspillage d’énergie et de matières premières.
Le champ des possibles est immense : Les initiatives de parc éco industriel se multiplient, les sous produits d’une activité devenant les ressources de l’autre, c’est
investir dans la rénovation et l’isolation des bâtiments, développer des modes de transports alternatifs (le fret ferroviaire, les transports doux ..), revoir les modes d’exploitations agricoles, développer le mix énergétique (hydraulique, éolien offshore et terrestre, le solaire photovoltaïque, le solaire thermique, les énergies marines, la biomasse, la géothermie, etc …)
C’est aussi l’arrivée des réseaux intelligents qui nous permettront d’ajuster finement production et consommation, c’est revenir à la chasse au gaspillage, avec par exemple l’extinction des éclairages publics, ce que la Ville de Saumur a décidé dernièrement pour diminuer sa facture énergétique. La suppression de l’éclairage public une partie de la nuit engendrera au-delà de la baisse de consommation, une économie annuelle de 60 000 euros.
Il est également temps de démocratiser la question de l’énergie, impliquer davantage les collectivités mais aussi les citoyens. L’installation des énergies renouvelables au plus prêt des utilisateurs pose la question de la démocratie locale et celle de l’autonomie des territoires.
Les enjeux sociaux sont également cruciaux dans le cadre de cette transition énergétique. En France un ménage sur six est, actuellement avec la crise, en situation de précarité énergétique.
Seule une politique ambitieuse reposant sur l’efficacité et les énergies renouvelables permettra de garantir notre indépendance énergétique, prévenir le risque social, protéger l’environnement et créer de nombreux emplois durables.
Christelle CARDET, Conseillère Régionale Europe Ecologie Les Verts