Remettre l’Europe au centre du débat

Depuis la mise en place de l’Euro et la réunification du continent au début des années 2000, l’Union européenne s’essouffle et ses dirigeants ne portent plus de projet fédérateur. Pire, nous sommes entrés dans un processus de fissuration.

Dans les années 1980, le pari de François Mitterrand et d’autres était de réaliser l’union économique de l’Europe pour ensuite forcer l’harmonisation sociale et structurer in fine une démocratie. Force est de constater trente ans plus tard que ce pari est en danger et que cette union économique donne lieu à des rivalités assez violentes entre pays membres. Elle se traduit de différentes manières : l’endettement, le dumping fiscal ou encore le moins-disant social. Cette concurrence généralisée, exacerbée par une libéralisation des marchés, détruit des secteurs d’activités (textile, sidérurgie, électronique…) et de nombreux emplois. Elle touche plus particulièrement les classes populaires et moyennes qui en sont les grandes perdantes.

Au lieu d’organiser et de réguler la mondialisation, l’UE l’a accélérée suscitant un désarroi qui se traduit par un rejet de « Bruxelles » et la montée du vote nationaliste qui, à terme, menace l’UE. Malgré cela, le succès de Podemos, de Siryza ou d’Anton Corbijn au Royaume-Uni nous démontre qu’il existe des voix fortes partout en Europe pour proposer un nouveau modèle.

En France, l’élection de François Hollande en 2012 s’est construite en partie sur cette aspiration à construire plus de régulation et de justice sociale. Malheureusement, une fois l’élection acquise, son renoncement à renégocier le traité européen en 2012 l’a plongé dans cette impasse libérale. En rentrant dans le rang de la règle d’or et du mécanisme européen de stabilité, il a renforcé l’impression de l’impossible alternative au libéralisme actuel. Il a enfin ancré l’idée que l’alternance classique gauche/droite n’en était plus vraiment une…

Pour toutes ces raisons, nous devons aujourd’hui remettre la question du projet européen au centre du débat politique. Nous ne pouvons pas laisser s’installer un débat mortifère entre les tenants de l’ordre actuel et le camp du repli sur soi. Il nous faut avoir le courage de dépasser la blessure du referendum volé de 2005 et poser les nouveaux jalons vers l’Europe fédérale, solidaire et écologique que nous voulons. Cela passe aussi par un discours nouveau.

Pour recréer de l’emploi, nous devons retrouver une forme de souveraineté européenne dans plusieurs secteurs stratégiques en commençant par l’énergie. Nous devons aussi savoir respecter cette souveraineté, notamment agricole, chez nos partenaires et donc réduire nos exportations dans ce domaine. Il ne s’agit pas de se fermer aux échanges mais de retrouver la voie de la régulation. On doit pouvoir parler de « protectionnisme intelligent » lié à des critères environnementaux et sociaux pour enfin développer un grand plan d’investissement dans l’isolation et les énergies renouvelables. Nous devons aussi être prêts à créer un nouveau rapport de force et avancer avec les pays européens prêts pour un rapprochement fiscal et social. L’Europe dépassera les nationalismes si elle fait à nouveau preuve de solidarité et si elle se dessine un projet fédérateur pour le siècle qui vient.

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Romain Laveau
Secrétaire départemental EELV49