La commission habitat des Verts d’Angers

Nos sociétés sont majoritairement devenues urbaines. Or, les villes illustrent de manière criante les impasses de notre mode de développement qui génère pollutions, crises énergétiques et exclusion sociale. En France, comme dans de nombreux pays, les tensions sur le marché du logement sont gravissimes. Le problème de l’insuffisance de l’offre, surtout pour le logement social, est reconnu par tous. Aujourd’hui, Angers Loire Métropole élabore un nouveau PLH, qui sera valable pour une durée de 6 ans. Il s’agit là d’un enjeu fondamental pour imposer des modifications en profondeur sur la politique de l’habitat de notre agglomération. L’objectif de ce document est de dresser un diagnostic sur le fonctionnement du marché local du logement, mais aussi de poser les principes, les objectifs, et surtout les actions à mener en terme de politique de l’habitat.

Les Verts d’Angers et leurs élus ont mis en place un groupe de travail pour réfléchir à cette thématique et élaborer des propositions.

Vous pouvez lire un résumé de nos positions sur le sujet ou télécharger un document que nous allons distribuer aux habitants de l’agglo et qui détaille nos propositions: plaquette_habitat

Le 2 juin 2006, les Verts d’Angers ont organisé une réunion-débat dans la salle du Doyenné (quartier Monplaisir) sur le thème : Quelle qualité de vie dans mon quartier ? Quelle politique de l’habitat pour l’agglomération d’Angers ? J’ai pris la parole pour exposer les propositions des Verts d’Angers pour l’habitat. En voici le résumé, à partir de mes notes.

Nos propositions tiennent en trois points. Un, assurer un droit au logement pour tous. Deux, mieux répartir et mieux penser l’habitat. Trois, tendre vers un habitat plus écologique.

– La crise actuelle du logement est gravissime. Pour assurer le droit au logement pour tous, il faut construire des logements, il n’y a pas d’autres solutions. Les partis politiques n’ont pas de désaccord sur ce point. Les Verts sont donc favorables aux opérations de renouvellement urbain (mission de l’ANRU) enclenchées à Angers, Trélazé et ailleurs, à condition qu’elles n’entraînent pas de hausses de loyers excessives. Nous soutenons également toutes les recherches d’Angers Loire Métropole pour acquérir du foncier, traquer les « dents creuses », etc. Nous sommes évidemment pour l’application de la loi SRU qui impose 20% de logements sociaux dans les communes et nous demandons des sanctions pour celles qui ne cherchent pas à l’appliquer.

Une des difficultés est que l’appellation « logement social » est trompeuse. Il y a plusieurs catégories de logements sociaux. Avec les critères actuels, ce sont, en réalité de logements « très sociaux » dont nous avons besoin, c’est-à-dire réellement accessibles aux catégories de la population les plus défavorisées.

Nous soutenons la création d’une AIVS : Agence immobilière à vocation sociale. Le problème du logement est bien un problème social, ce n’est pas un seulement un problème de construction et de foncier, comme l’envisage souvent la Droite et/ou les professionnels du BTP.

Le « desserrement » des ménages est une des causes de l’explosion de la demande de logements : le nombre de personnes par logements diminue pour des raisons sociétales (divorces, études, individualisme, …). On peut essayer de s’adapter en construisant davantage de logements. On peut aussi essayer de contrer cette tendance en valorisant la cohabitation des générations. Par exemple, en modulant la taxe d’habitation et en engageant une campagne de communication sur la colocation.

– Mieux répartir l’habitat, cela signifie d’abord que nous sommes pour un développement polycentré de l’Agglomération d’Angers. C’est aussi la volonté politique exprimée par la majorité actuelle : renforcer les pôles secondaires de la ville, dans la première couronne, pour équilibrer le territoire de l’agglo. En tant qu’écologistes, nous refusons le « zonage » de la ville, c’est-à-dire le découpage par zone du territoire : une zone pour le travail (industries), une autre pour les achats (grandes surfaces), une troisième pour les activités culturelles (multiplexes), … avec en permanence des habitants stressés, au volant de leur automobile, qui passent d’une zone à l’autre. C’est à l’opposé du développement durable. De la même façon, et dans le même mouvement, il y a urgence à lutter contre l’étalement urbain. Angers a doublé de surface en trente ans. L’urbain dévore le rural. Résultat : l’environnement se dégrade, les temps de transport explosent, les réseaux de la ville s’étendent et augmentent leur coût d’entretien, notre dépendance au pétrole s’accroît, etc. Face à ces problèmes, les Verts n’ont pas de réponses toutes faites. Si nous ne voulons pas d’une ville étalée, nous ne voulons pas non plus d’un ville entassée, congestionnée. Nous refusons le débat dans lequel la Droite voudrait nous enfermer : « les Verts sont pour densifier la ville et contre les jardins individuels ». C’est réducteur et stupide. Le choix n’est pas entre HongKong et Los Angeles. Les banlieues parisiennes sont moins denses que le 14eme arrondissement, et pourtant la qualité de vie est meilleure dans le 14eme. Bien sûr, les Verts s’opposent aux « opérations bétons » auxquelles les politiques traditionnels nous ont habitués et qui se montent aux dépens de la qualité de vie. Mais, nous ne craignons pas de dire qu’il faut densifier la ville, la rendre plus compacte, car le danger immédiat, en tout cas sur Angers, est celui de l’étalement urbain. Nous, écologistes, avons toujours en tête que l’ère du pétrole bon marché est terminé.

En réalité, le débat qui nous intéresse est celui des nouvelles formes urbaines. Comment construire un habitat de grande qualité dans une ville plus dense ? C’est la seule question intéressante. Et il n’y a pas de réponse unique. Le tissu urbain se construit maille par maille. C’est là que nos propositions de démocratie participative prennent leur sens : intégrer les habitants dans les commissions d’attribution de logements, renforcer les CCQ (Conseils consultatifs de quartier), donner un statut contraignant au PLH (Programme local de l’habitat), adapter les logements aux vieillissements de la population, renforcer les économies solidaires de quartier, répartir équitablement les équipements publics, les commerces, etc.

– Enfin, tendre vers un habitat plus écologique. Cela signifie intégrer les normes HQE (Haute Qualité Environnementale) pour toute nouvelle construction, mais pas seulement. Et d’abord, il faut vérifier de manière chiffrée quels objectifs sont atteints derrière cette norme HQE car les technocrates auront tôt fait de la digérer et de la dépouiller. C’est une révolution culturelle, en matière d’habitat, qu’il faut effectuer. Si nous parlons d’habitat, plutôt que de logements, c’est pour rappeler qu’un logement est nécessairement dépendant de son environnement. Quel est son bilan énergétique ? Son empreinte écologique ? Quels modes de transport utilise-t-on pour y accéder ? le tri des déchets est-il intégré dans la conception de la cuisine ? les eaux de pluie sont-elles récupérées ? etc. (Notez bien qu’aucune de ces idées écolos ne figurait dans l’ancien PLH dont c’est pourtant le rôle. Seule la partie « construction, crise du logement » était traitée.)

Là encore, les réponses sont plurielles. Vous connaissez tous des exemples d’innovations écologiques dans le domaine de l’habitat. Vous verrez tout à l’heure un film sur Fribourg en Allemagne et Bedzed en Angeleterre. Angers devrait s’en inspirer. Les Verts souhaitent que notre ville mette en œuvre un projet innovant en matière d’habitat écologique, où des techniques seront expérimentées. C’est aussi notre rôle !

Stéphane Raimbault Les Verts d’Angers Le 2 juin 2006

Vous pouvez télécharger le document que nous allons distribuer aux habitants de l’agglo d’Angers et qui détaille nos propositions.